Depuis sa sortie en salle, le film JOKER de Todd Phillips n’en finit plus de faire parler. Le film continue de remplir les salles et vient même de dépasser le milliard de dollars de recettes.
Au lieu de vous donner mon avis sur le film, j’ai choisi à travers 3 articles de vous parler des aspects abordés ou plutôt des éléments constitutifs de la genèse du Joker. (Ces articles contiendront des références au film) :
La connotation sociale
Clairement, le film se déroule dans la ville de New-York des années 70/80 avec son contexte politique extrêmement compliqué de contestations sociales et d’émeutes.
Certains passages de ce film pourraient même servir à l’ouverture de Robocop ou de Police Academy à voir les rues envahies de loubards et autres casseurs avec une police totalement dépassée…
Mais que s’est-il passé exactement dans la réalité lors de cette période ?
Dans les années 80, New-York était la ville la plus violente du monde avec un taux de criminalité battant des records (surtout en 1981) de délinquance et de crimes couplés à une période de profondes mutations de la ville.
Avec l’inauguration en 1973 du World Trade Center, New-York se voit diviser en zones. Vous connaissez tous Manhattan ou le New-Jersey mais aussi les tristement célèbres Bronx et Harlem. Les quartiers « oubliés ».
A cette époque, Time Square était aussi un mélange de Pigalle, de zones de non-droits et de trafics. Ce quartier était presque l’épicentre du crime. Tout comme Central Park qui était une poubelle à ciel ouvert. Sans oublier le métro avec au moins un meurtre par jour…
A part le quartier du WTC, que ce soit le Bronx, Brooklyn ou Brunswick, New-York souffrait d’un chômage de masse, de zone de guerre et d’un endettement exorbitant.
Cette situation fait suite aux différents chocs pétroliers et à la volonté du Maire de New-York de monter les prix des habitations tout en limitant l’accès au social que la poudrière a fini par prendre feu.
Petit aparté sur les cloisonnements sociaux de l’époque, certains « déclassés » se regroupaient pour former des groupes. Que les personnes soient blanches, noires, asiatiques, homosexuels, juifs ou latinos, les « parias » formaient les « Goons ». Cela ne vous rappelle rien avec le film les Goonies où encore une fois des riches tentaient d’écraser les faibles ?
En fait, le film couvre exactement la période 1975-1985 du vrai New-York. En 1975, la ville était à 2 doigts de la faillite et le Président de l’époque, Gerald Ford, voulait que la ville serve d’exemple au reste des États-Unis et ne pas apporter son aide.
Avant 1975, cette ville était ouverte, avec des aides pour les chômeurs, les handicapés, l’éducation et même la santé. Mais la situation fini par ne plus être tenable face aux dettes accumulées et la crise économique. Le président américain, sous la pression de l’Europe, fini par aider la ville mais avec des conditions drastiques. En gros, le social de la ville venait d’être détruit (on peut le voir dans le film avec la fermeture du centre psychologique où se rendait Arthur Fleck). La ville commençait à sombrer dans les émeutes et aux différentes grèves (celle des éboueurs notamment).
La ville commence à sortir de cette spirale au début des années 90. Pourtant le clivage entre les classes est devenu encore plus prononcé. Même si Arthur Fleck semble se moquer de la lutte des classes, il finit par se voir priver de son accès au centre d’aide. On le voit clairement à la fin sous le masque du Joker, dénoncer ce cloisonnement.
Concluons avec la haine des riches présente dans ce film, les 2 mondes sont à part et les différences ne font que s’accentuer. Le masque de clown devient même une icône de l’anti-riche. Attention, la société actuelle souffre toujours de ces différences. Il n’y a qu’à regarder en France le mouvement des gilets jaunes qui reflète un mal-être profond.
Voici le premier élément constitutif du Joker, la connotation sociale. (Pour vous le justifier une dernière fois, regardez l’immeuble des Fleck, le quartier, les conditions de vie…).